
Les sports d’endurance sont célébrés pour leurs bénéfices cardiovasculaires, mais les pratiques excessives suscitent des inquiétudes quant à d’éventuels dommages cardiaques. Une revue narrative récente a synthétisé les données disponibles sur les effets aigus et chroniques de l’entraînement intensif chez des athlètes sains (Graziano et al., 2022). Les résultats montrent que des changements électro‑cardiographiques réversibles, une dysfonction ventriculaire et une élévation de la troponine peuvent survenir, avec une récupération complète en quelques jours. Pour approfondir, consultez l’article complet sur PubMed : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36286299/
Les sports d'endurance intensifs suscitent de plus en plus d’interrogations quant à leurs effets sur la santé cardiaque. Si l’activité physique modérée est reconnue pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires, l’exposition à des volumes d’effort très élevés suit une courbe en U, avec un potentiel de dommage au-delà d’un certain seuil (Graziano et al., 2022). Des études ont montré que des courses de plusieurs dizaines de kilomètres peuvent entraîner une élévation transitoire de la troponine, marqueur de lésion myocardique, qui disparaît en 48 à 72 h (Eijsvogels et al., 2018).
De même, des changements électrocardiographiques reversibles, tels qu’un allongement de l’intervalle QT ou une augmentation du voltage des ondes P, ont été observés immédiatement après un ultramarathon (Zorzi et al., 2020). Ces altérations sont généralement asymptomatiques et récupèrent rapidement, mais elles témoignent d’un stress aigu important sur le cœur.
Un cas clinique d’un jeune nageur d’eau libre (15 ans) a révélé un QTc prolongé à 597 ms après une saison d’entraînement intensif, normalisé après trois mois d’arrêt (Graziano et al., 2022). Ce phénomène illustre le concept de « cardiac fatigue » qui peut survenir après des efforts prolongés. Les mécanismes sous‑jacents incluent une inflammation myocardique temporaire et un déséquilibre entre la charge de travail et la capacité de récupération. L’étude de Berlin Beat of Running a rapporté que 12 % des coureurs de marathon présentaient des déviations ST‑T post‑course, souvent sans symptômes (Herm et al., 2017). Ainsi, même chez des athlètes sains, les efforts excessifs peuvent déclencher des réponses biologiques similaires à celles observées après une crise cardiaque, bien que réversibles.
Au-delà des effets aigus, certaines recherches suggèrent que la pratique intensive sur le long terme pourrait engendrer des remodelages cardiaques permanents. Des vétérans de l’endurance, pratiquant plus de 10 h d’entraînement par semaine pendant plus de 20 ans, présentent une prévalence accrue d’arythmies, notamment la fibrillation atriale, comparée à la population générale (Wilhelm, 2014). L’imagerie par résonance magnétique (IRM) a mis en évidence des zones de fibrose myocardique, surtout au niveau du ventricule droit, chez des marathoniens de haut niveau (Zorzi et al., 2022).
Une étude de suivi de 56 ans a montré la présence de calcifications coronaires chez des athlètes d’endurance sans facteurs de risque classiques, suggérant un vieillissement vasculaire accéléré (Vago et al., 2022). Ces anomalies structurales sont souvent silencieuses et découvertes lors de dépistages pré‑participatifs. Un exemple de cardiomyopathie arythmogène a été documenté chez un coureur de 38 ans dont la fonction ventriculaire droite s’est détériorée après quatre années d’entraînement continu, malgré l’interdiction médicale (Zorzi et al., 2022).
Cependant, plusieurs cohortes de sportifs retraités n’ont pas démontré de remodelage pathologique significatif, ce qui souligne la variabilité interindividuelle (Sanchis‑Gomar et al., 2016). Les facteurs génétiques, le type d’activité (course vs natation) et le mode de récupération semblent moduler ce risque. La notion de « dose‑réponse » implique que l’intensité, la durée et la fréquence doivent être équilibrées pour éviter la surcharge chronique. En pratique, l’intégration de périodes de décharge, d’entraînements croisés et de contrôles cardiaques réguliers constitue une stratégie préventive efficace.
Pour les sportifs amateurs ou intermédiaires, il est essentiel de reconnaître les signaux d’alerte du cœur avant d’augmenter le volume d’entraînement. Une fatigue persistante, des palpitations ou un essoufflement disproportionné sont des indicateurs à ne pas négliger. Le suivi d’un biomarqueur cardiaque tel que la troponine après une compétition longue peut aider à identifier un stress excessif (Eijsvogels et al., 2018). Les recommandations actuelles suggèrent de limiter les séances supérieures à 2 h à plus de deux fois par semaine, sauf sous supervision médicale.
L’alternance entre séances d’endurance et entraînements de force ou de flexibilité favorise une récupération cardiaque optimale. L’utilisation d’appareils de mesure de la variabilité de la fréquence cardiaque (HRV) permet d’ajuster la charge d’entraînement en temps réel. Des études de la Master@Heart ont montré que les athlètes ayant intégré des périodes de « déconditionnement » de 4 à 6 semaines réduisent de 30 % le risque de fibrillation atriale (De Bosscher et al., 2021).
Enfin, le dépistage cardiologique pré‑participatif, incluant ECG et échocardiographie, reste la pierre angulaire pour identifier les anomalies subtiles. En cas de doute, un arrêt temporaire suivi d’une évaluation médicale évite les complications graves. Ainsi, l’endurance peut rester bénéfique tant que l’on respecte les principes de modération, de récupération et de suivi médical régulier.
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